Nadège Audeon

Nadège est originaire de Bretagne, d’un père nantais et d’une mère vosgienne. Ayant développé un intérêt très tôt pour les langues, elle intègre le programme Abibac au lycée : onze heures hebdomadaires dispensées en allemand, dont l’histoire, la géographie et la littérature. Elle entreprend déjà de multiples voyages  en Allemagne et passe simultanément le baccalauréat S et son équivalent germanique l’Abitur.

En parallèle de son investissement scolaire, le sport fait partie intégrante de sa vie. Elle pratique temporairement le judo, la gymnastique, le handball, la danse, mais c’est la natation qui garde la plus grande place dans sa routine, dès ses premières compétitions à 9 ans. 

Elle se lance dans une licence STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) avec une spécialisation en management où le programme comprend sociologie, psychologie, physiologie, nutrition, biomécanique, marketing, analyse financière, droit, entrepreneuriat… Mais elle souhaite également garder sa spécificité internationale et part en échange à l’université de Tôhoku à Sendai.

D’où vient donc cette envie du Pays du soleil levant ? Maîtrisant parfaitement l’allemand, elle avait sélectionné le japonais au début de sa licence car c’était la langue qui transpirait le plus d’une culture riche et d’une identité marquée. Cette décision reflète bien le caractère de Nadège, qui ne s’attarde pas sur la difficulté et ne manque pas une occasion de nourrir sa curiosité.

Une fois à Sendai en 2005, son caractère continue à s’affirmer : interprète pour le marathon international de Sendai, membre du club de natation et de kyûdô, participante aux cours de sociologie où elle s’oblige à suivre l’avancée de travaux de recherches en japonais. L’immersion totale ne lui fait pas peur, bien au contraire. Elle avait choisi la province et non Tokyo pour plonger dans l’univers nippon, avec l’intention de comprendre cette culture éloignée. Son entourage à l’université se compose de beaucoup de nationalités, composant un environnement interculturel qu’elle trouve passionnant.

De retour en France, Nadège reproduit un cadre international en mentorant des étudiants japonais et allemands venus faire leurs études en France. Elle continue à nourrir sa soif d’apprendre en entreprenant un master en communication organisationnelle avec option médiation interculturelle. Son engouement académique et son expérience dans le sport lui permettent de pleinement profiter de ce curriculum : elle sait prendre du recul car elle connait la réalité du terrain, ayant participé activement à l’organisation d’évènements sportifs internationaux comme la Coupe du monde de rugby, Rolland-Garros ou encore le Top 12 de tennis de table entre 2004 et 2007. Partant du principe que la théorie n’a de sens qu’en lien avec la pratique, elle multiplie les activités : la facilité ne l’avait en effet jamais vraiment intéressée. Cette volonté d’apprendre, combinée à son vécu ne rendent sa spécialisation en communication organisationnelle que plus captivante.

Master en poche en 2009, elle rejoint Clicpostal, une société web-to-print qui propose de personnaliser des cartes en ligne et de les envoyer directement par la poste. Alors qu’elle est en charge du développement e-commerce en Allemagne et Autriche, son goût du challenge s’épanouit car ce service, très courant aujourd’hui, n’était qu’à ses débuts à cette époque de « pré-sur-digitalisation ». Après un an à Munich, elle est mutée à Marseille tandis que la société croît de 10 à 80 employés.

C’est là qu’une nouvelle page s’écrit : son mari ukrainien, rencontré durant son master, se voit proposer le poste de responsable du développement international pour une société basée à Kawasaki, spécialisée dans le management du risque environnemental. Également polyglotte, il parle cinq langues et a étudié le commerce international : le sens des subtilités linguistiques et le goût de naviguer entre différentes cultures les ont rapprochés. Nadège le suit donc au Japon et est recrutée comme responsable marketing au bureau japonais de la marque de foie gras Rougié, où elle travaille depuis maintenant huit ans.

Si sa carte de visite indique « Responsable Marketing Asie », son quotidien professionnel est d’une autre profondeur : créer une synergie et une intercompréhension entre les talents de chacun pour monter des projets sur-mesure et en démultiplier l’impact. Elle structure son métier autour d’un marketing culinaire qui se passe d’études statistiques : oxygéner la passion des chefs, décoder leur culture spécifique, prêter des mots aux sensations et aux émotions pour offrir aux autres une lecture compréhensible de leurs créations. Elle passe du temps en cuisine, de la mise en place aux plats en dégustation, pour lire la créativité culinaire et comprendre l’essence du métier de chef : « Un chef sait faire, mais ne sait pas toujours expliquer. Là, je peux aider. » 

La théorie, le terrain, le sport, les langues, la culture, le marketing, le digital, l’art, la communication… Nadège est une personne complexe et intègre, n’hésitant pas à s’ouvrir à 360 degrés à ses choix de vie. Son professeur en psychologie avait d’ailleurs identifié chez elle une vitesse d’assimilation impressionnante. « Mens sana in corpore sano » récite-t-elle. Garder un équilibre entre physique et mental, entre théorie et pratique, entre stratégie et opérationnel, lui est essentiel. Si son hobby pendant ses études étaient l’apprentissage des kanjis et du russe, ses passions sont aujourd’hui la décoration des œufs de Pâques Pysanky, les sculptures en sucre Amezaiku, la réparation de poterie japonaise Kintsugi, et son petit garçon bien évidemment déjà trilingue japonais français russe de 4 ans.

Ces derniers mots résument bien la chaleur qui se dégage de son aura : « Ce qu’on apprend en Abibac n’avait pas pour but de former des traducteurs, mais de nous donner les outils pour travailler en plusieurs langues et surtout ensemble, en tirant profit de nos différences. Il n’y a rien de plus passionnant que d’apprendre à connaître une personne d’une culture complètement différente. Et utiliser sa sensibilité à l’autre est pour moi un vecteur pour mieux vivre ensemble. » Le monde de nos jours pourrait faire bon usage de cet appétit que chérit Nadège.


Remerciements à https://www.sensemofr.com pour son expertise de relecture et corrections de texte
[05/05/2021]