Emmanuelle Sagnard

Emmanuelle est originaire de Bretagne, a vécu très rapidement en région parisienne puis y a débuté un cursus universitaire orienté vers la gestion des ressources humaines. Après un DUT en gestion des entreprises et des administrations, elle s’est expatriée en Angleterre pendant un an pour y parfaire son anglais, mais aussi pour appliquer ses compétences de francophone comme assistante de français dans un lycée technique. Manifestement, son penchant pour la langue française se dessinait déjà.

Faisant suite à une maîtrise de sciences de gestion spécialisée en organisation, son DESS du CELSA en communication sociale lui ouvre les portes de la fonction ressources humaines. La société d’assurances Groupama-Gan l’embauche en 2000 comme chargée d’études. Tableaux, calculs, rémunérations, reporting : son rôle exploite essentiellement ses qualités analytiques et sa rigueur. Elle contribue aussi aux nombreux recrutements et s’implique dans la gestion des équipes commerciales.

Huit ans plus tard, elle rejoint la société française à actionnariat familial Daher pour occuper des fonctions initialement similaires – quoique plus internationales – et ensuite cumuler des missions qui sollicitent davantage sa sensibilité et ses valeurs personnelles. En effet, la RSE (responsabilité sociétale d’entreprise) lui incombe et donne une tout autre forme à ses fonctions. Son quotidien est ainsi toujours envahi de tableaux Excel, mais également de cette dimension nouvelle qu’est le développement durable : normes environnementales, respects des droits de l’homme, comportements éthiques, transparence de l’activité, intégration des parties prenantes, gouvernance de l’entreprise. Du fait de son importance et de son aspect global, sa fonction devient clé dans le développement stratégique de la firme qui se compose de 10 000 personnes. Emmanuelle y trouve beaucoup de sens, elle qui transmet chaque jour ces valeurs environnementales et humaines, aujourd’hui facteurs incontournables du bon fonctionnement d’une société. Elle produit d’ailleurs le tout premier rapport RSE du groupe.

En 2019, Emmanuelle quitte son poste après onze ans de loyaux services et s’expatrie au Japon avec la ferme intention de poursuivre une activité professionnelle. Peu d’opportunités se profilent malgré sa nature active et son besoin insatiable de challenge. Comment faire ? Se lancer à son propre compte ? Et quelle idée développer ? Une telle remise en question ne lui avait jamais traversé l’esprit. Pour elle qui est habituée au contexte confortable qu’offre une société de taille importante, la notion d’entrepreneuriat paraît totalement étrangère. Pourtant, avec du recul, une idée déjà se matérialise.

Elle avait en effet donné des cours de français en Angleterre, se souvient avoir en CE2 corrigé en cachette les dictées de son voisin de table en échange de ses talents de dessin, a toujours été sollicitée pour relire des CV et des lettres de motivation. Elle n’avait jamais songé jusque-là que son amour pour l’écriture française pouvait constituer un débouché professionnel intéressant. C’est ainsi qu’elle décide de s’impliquer dans une solide formation et de se lancer dans le métier de relectrice-correctrice de français.

Elle devient parallèlement membre de FAJ au sein du club entrepreneures, et crée après six mois sa propre société Sensemo. Si elle trouve soutien et conseils dans les activités du club, elle n’hésite pas, à son tour, à contribuer au pôle mentorat en tant que mentore, et ceci depuis deux ans maintenant. Elle découvre au Japon un réseau professionnel multiculturel étendu.

Emmanuelle éprouve beaucoup de plaisir à porter son regard sur tout manuscrit français, mais ses projets de prédilection sont les romans. Découvrir la parole de l’auteur et les émotions des personnages la fait voyager ; rentrer dans la peau des acteurs du livre stimule sa sensibilité. Elle admire le travail des écrivains qui partent d’une feuille blanche et construisent de toute pièce une œuvre d’art. Cet amour pour les romans lui rappelle qu’elle aime les spectacles, les concerts, les pièces de théâtre, des scènes où l’être humain sous toutes ses formes s’exprime et dévoile sa personnalité. Dans son  organisation professionnelle, travailler à la correction d’un roman de 350 pages lui prend environ un mois suivant trois phases : une première relecture orientée sur l’orthographe, la grammaire et la typographie, une deuxième sur le style et la vérification des références et enfin une troisième pour finaliser les corrections. Elle aime aussi tout particulièrement relire les thèses, les mémoires, les articles de chercheurs, tous ces contenus qui comportent un investissement personnel et une touche humaine.

Personnellement, elle retrouve l’expression de soi dans son amour pour le chant. Chorale, groupe de rock et cours de piano pendant dix ans sont une source inépuisable d’épanouissement, une occasion de lâcher-prise et d’extériorisation des sentiments.

Parmi les projets qui se sont matérialisés depuis ses débuts d’entrepreneure, son rôle de rédactrice en chef du magazine bilingue de Freelance France Japon Éclectiques fait figure d’exemple. Entièrement conçu et rédigé par une trentaine de freelances bénévoles, ce magazine publié en cent exemplaires lui donne l’opportunité pour la première fois de contribuer à la création complète d’un ouvrage artistique. Si son métier jusque-là ne l’amenait pas à souvent intervenir sur le fond, cette expérience lui a permis de dépasser cette limite, de davantage avoir un droit de regard sur le contenu tout en respectant toujours la voix des auteurs.

Évidemment très intéressée par la langue française et son évolution, elle a adopté sans surprise son ouvrage favori, Le Petit Robert. Elle se le procure en version papier tous les ans et y découvre toutes les nouveautés de la langue de Molière, comme le tout nouveau pronom très inclusif « iel » qui combine « il » et « elle ». Parmi ses livres de chevet figurent Berthe Morisot, Le secret de la femme en noir de Dominique Bona et Betty de Tiffany McDaniel, deux ouvrages qui content l’existence exceptionnelle de femmes battantes et précurseurs. Comme tout métier possède ses spécialistes, les correcteurs qui ont œuvré au sein du journal Le Monde Jean-Pierre Colignon (Dictionnaire orthotypographique moderne) et Muriel Gilbert (Au bonheur des fautes) sont ses repères.

Ses études et sa carrière lui confèrent une personnalité plutôt cartésienne, qui trouve un équilibre à travers les émotions procurées par les mots et le chant. Rationalité et méthode fleurissent dans son tempérament rêveur, très sensible à l’autre et perméable à la poésie humaine. Les voyages interminables de ses pensées entre le cerveau droit et gauche définissent son identité et son parcours professionnel. Sa mission d’assistante professeur de français à Plymouth à l’âge de 20 ans n’était donc vraisemblablement pas un hasard.

Une étude de 1967 prétend que la communication globale ne passe qu’à 7 % par les mots, le reste – majoritaire – étant vocal et corporel. Vu le caractère sentimental d’Emmanuelle dans sa mission de correctrice et relectrice, on peut s’imaginer qu’elle y voit bien plus que ce petit pourcentage.
[12/01/2022]
Remerciements à sensemofr.com pour son expertise de relecture et corrections de texte.