Akiko Lemoine Higuchi

Née à Tokyo, Akiko grandit au Japon dans une cellule familiale peu commune. Sa mère était professeur d’anglais au Lycée d’enseignement de la musique, modèle rare à une époque où la place de la femme était tout simplement au foyer. Son père, architecte et artiste, rassemblait très régulièrement autour de lui une communauté poursuivant des projets qui reflétaient avant tout son engagement esthétique et écologique.

Elle suit un parcours scolaire classique dans une école publique japonaise bien cotée, le lycée de Kunitachi. Elle adhère complètement aux valeurs de l’établissement, d’ailleurs unique en son genre : pas d’uniforme, peu de règles rigides comme on peut communément en trouver. Akiko est bonne élève et peut dédier jusqu’à 18 heures par semaine à son sport favori, le badminton. Atteignant le très haut niveau, elle découvre par ce sport la richesse de l’effort de groupe et savoure avec plaisir la victoire sportive.

Son choix se portant sur un établissement privé pour ses études universitaires, elle est acceptée à l’université de Sophia à Tokyo avec une spécialité en droit international. Même si le droit japonais s’inspire beaucoup du droit allemand, alors que ses camarades de classe choisissent l’allemand comme deuxième langue étrangère, elle préfère se distinguer et choisit  d’apprendre le français.

Motivée pour améliorer ses capacités linguistiques, elle fait à 19 ans son premier voyage international en Angleterre où elle suit des cours d’anglais pendant un mois. Puis elle se rend à Paris pour visiter le chantier du jardin japonais de la fondation Albert-Kahn à Boulogne, auquel collabore son père, et tombe amoureuse de la ville.

Dès son retour d’Europe, Akiko cumule en parallèle de ses études les arubaitos en tout genre : hôtesse d’accueil, pizzaïola chez Domino’s pizza, créatrice et vendeuse dans une boutique de mode de sa ville. En effet, son voyage européen autofinancé a asséché son compte en banque. Elle n’oublie pas son coup de foudre et se fixe l’objectif de vivre à Paris à l’âge de 25 ans. Voilà donc la question qu’elle se pose : quel est le chemin le plus court pour y arriver ?

Quelque temps avant son diplôme universitaire, elle passe des entretiens dans des multinationales qui ont des débouchés en France. La Société Générale l’embauche à Tokyo, mais elle se rend compte que toutes les nouvelles recrues parlent un bon français, sauf elle. En préparation de son nouvel emploi, elle fait ses valises et part un mois en France pour tenter de combler ses lacunes. Son immersion est telle qu’elle commence à rêver en français.

Avril 1992, Akiko est en salle des marchés comme assistante de trading. La moitié de ses collègues sont français. Le choc culturel se fait bien sentir : les entreprises japonaises forment et accompagnent leurs employés de très près, tandis qu’à la Société Générale, elle apprend tout sur le tas, y compris la langue de Molière. Deux ans plus tard, voulant plus de responsabilités, elle obtient un poste de commerciale en actions européennes, toujours à Tokyo.

Son futur mari est muté à Paris entre-temps et Akiko se voit démissionner pour le suivre. Juste avant ses 26 ans, elle réalise donc son vœu de vivre à Paris, mais pas tout à fait dans les conditions qu’elle anticipait. Elle se languit de retrouver un travail et son indépendance financière. Son fils a 10 mois lorsqu’elle saute sur l’occasion de retravailler pour la Société Générale. Son ancien employeur l’a en effet sollicitée pour occuper à nouveau un poste de vente sur les marchés d’actions européennes auprès des clients japonais. Elle y passe six ans, épanouie, en plein dans son élément. Elle voyage souvent en Angleterre.

En 2003, elle quitte son poste. Les marchés financiers sont en effet difficiles et sa passion pour ce milieu s’est éteinte. Pourtant, être une femme au foyer ne la satisfait guère et la stimulation intellectuelle que lui offre son cours d’art à l’École du Louvre ne dure qu’un an.

Alors propulsée à Londres suite au changement de carrière de son mari, elle souhaite retravailler, mais peine à trouver un équilibre entre sa vie de famille et ses envies professionnelles. Deux ans passent très lentement jusqu’à ce qu’elle débusque une annonce qui propose une formation de professeur de japonais à distance. Akiko se lance dans ce programme à corps perdu et achève deux ans de cours en l’espace de six mois, motivée non seulement par son envie d’apprendre, mais aussi par les découvertes qu’elle fait sur sa propre langue. Elle passe la certification de professeur de langue japonaise comme langue étrangère en 2007.

Elle revient dans son pays natal en 2008 et met à profit son diplôme au plus vite. La preuve, son premier élève est une personne qu’elle avait rencontrée à Londres. Comme Akiko ne fait pas les choses à moitié, sa méthode d’enseignement est totalement mise à profit comme le témoigne son site web www.akikolemoinehiguchi.com.

Sensible aux différences culturelles, elle s’efforce de non seulement enseigner la langue mais surtout d’enseigner sa culture. Elle se veut formatrice haute couture, communiquant un ensemble de traditions pour que ses élèves appréhendent davantage la totalité du Japon. Ses élèves occupant souvent des postes à haute responsabilité, son rôle s’élargit jusqu’à consultante culturelle, conseillère en prise de parole en public, voire confidente, afin de leur offrir une zone de confort dans ce pays qui peut sembler parfois très complexe.

Si elle est – au début – toujours un peu intimidée par les profils professionnels de ses élèves, Akiko connaît sa formule et sa valeur ajoutée : une leçon de 1 h 30 où elle enseigne le japonais mais laisse aussi libre cours à leurs envies pour échanger sur d’autres sujets. Au-delà de son expérience du monde des affaires, ses qualifications incluent la pratique du kimono et de l’ikebana. Elle est également guide touristique certifiée. Cette souplesse et son immense culture lui permettent de rendre les échanges plus captivants et d’en faire un grand moment de partage.

Depuis 2016, elle est aussi conseillère commerciale pour Fourth Valley, une société de recrutement. Chargée de promouvoir une poignée de programmes internationaux de MBA auprès de jeunes professionnels japonais, elle est stimulée par cette combinaison de vente, de culture et d’enseignement.

Elle se souvient s’être sentie un peu perdue lors de son premier long séjour à Paris et applique dans ses métiers le type d’accompagnement qu’elle aurait souhaité recevoir à l’époque. Passionnée par l’envie d’offrir aux étrangers une découverte authentique et sincère du Japon, elle espère que ses cours remplissent cette mission qu’elle ne cesse de perfectionner avec le temps.


Remerciements à https://www.sensemofr.com pour son expertise de relecture et corrections de texte 
[10/11/2021]