Stéphanie Daudier

Membre active aujourd’hui de notre réseau FAJ en France, Stéphanie Daudier est leadership coach et fondatrice de la maison de coaching The Inspiration Lab, après avoir construit une brillante carrière chez L’Oréal pendant 25 ans. Dotée d’une expérience professionnelle internationale remarquable et d’une envie de partage, elle nous dévoile ses débuts au Japon en 2011, comment elle a changé d’orientation en devenant coach et le plaisir qu’elle trouve à transmettre son savoir-faire.

Quel plaisir de renouer avec une ex-membre du bureau et une animatrice de notre réseau France ! Vous souvenez-vous de ce qui vous a poussée à rejoindre notre association en 2012 et à diriger le mentorat pendant 2 ans ?

Je suis très heureuse de poursuivre le lien avec FAJ ! L’expatriation au Japon est une expérience très marquante pour moi, et pour beaucoup je crois.  Le Japon reste mon pays de cœur, même plusieurs années après mon retour en France.

Je suis arrivée dans le pays tout début 2011 pour prendre la direction de Lancôme. Le 11 mars 2011 et sa triple catastrophe séisme-tsunami-désastre nucléaire ont créé beaucoup de confusion en moi, mais j’ai choisi de rester après cette période troublée. J’étais seule, sans ma fille qui était rentrée en France. Mon réseau était encore si restreint à Tokyo, ma rencontre avec FAJ a été clé dans ma socialisation. Je me souviens d’un dîner qui m’a permis de rencontrer quelques femmes de l’association, un moment qui m’a incroyablement aidée à m’intégrer. Dès septembre 2011, je me suis proposée comme mentor pour accompagner une jeune femme très courageuse qui souhaitait trouver un travail pour rester dans le pays avec son chéri. De fil en aiguille, j’ai rencontré Magda Jagielski et nous avons décidé ensemble de reprendre la direction du mentorat. J’exerçais déjà en tant que mentor chez L’Oréal depuis longtemps et étais très contente de mettre à profit ce savoir-faire à l’extérieur de l’entreprise.

Je voudrais ajouter que la relation mentor-mentorée est unique. Et que la mentor reçoit énormément aussi ! C’est une relation win-win dans laquelle chacun s’enrichit. Et ça, j’adore !

Qu’est-ce qui vous a propulsée au coaching et l’entrepreneuriat, après 25 ans au sein de L’Oréal ? Quel est votre « why » ?

Un retour d’expatriation n’est pas toujours facile. Après 25 ans de contribution à l’Oréal, autant l’entreprise que moi pensions qu’il était temps de nous séparer. De mon côté, j’avais envie de lâcher un peu la pression, d’être moins en suractivité, si je puis dire. J’ai pris un an pour réfléchir, réactiver mon réseau à Paris, poursuivre la formation de coach que j’avais commencée à l’université de Californie à Santa Cruz, explorer quelques directions différentes à travers diverses certifications comme la psychologie positive et l’entrepreneuriat. Après quelques mois, l’idée de devenir coach s’est imposée. Je commençais à avoir des demandes, et je me sentais bien dans cette posture. La suite logique a été la création de mon entreprise en septembre 2015, The Inspiration Lab. Inspiration, parce que je voulais transmettre cette idée de leadership inspiré et inspirant. Et Lab, parce que mon ambition était d’offrir du sur-mesure, en mettant au point la méthodologie adaptée à chaque client, basée sur la recherche académique.

Mon « why » ? C’est transmettre. C’est partager. J’ai accumulé beaucoup d’expériences dans ma vie professionnelle, ayant travaillé dans beaucoup de pays, avec des cultures différentes. Des succès, des expériences plus difficiles, des situations de crise… J’avais, et j’ai toujours, envie de transmettre cela. D’aider les leaders, managers, chefs d’entreprise, à se sentir mieux dans leur job, dans leur leadership pour mieux rayonner auprès de leurs équipes et de leurs clients. J’ai une vision assez bouddhiste des choses : nous pouvons changer le monde autour de nous, si nous changeons nous-mêmes. C’est ce changement-là que j’accompagne.

Nous vivons justement un changement mondial sans précédent. Vu la situation sanitaire actuelle, vos talents doivent être très recherchés ! Voyez-vous le leadership coach comme faisant partie de l’organigramme de toute grande organisation aujourd’hui ? C’est un métier très tendance de nos jours.

Je suis convaincue que le leadership est le grand sujet dans l’entreprise aujourd’hui. Nous pouvons acquérir beaucoup de savoir, nous pouvons mobiliser beaucoup de données, d’information, d’avis. La technologie a élargi énormément notre champ des possibles. Le leadership, c’est la façon de s’orienter dans tout cela, de mobiliser les données utiles, les savoirs et forces appropriées au moment juste. Le leadership, c’est cette capacité à discerner ce qui va faire la différence, pour les collaborateurs, pour les clients, pour les parties prenantes. Et aussi la façon de le faire, en donnant sa juste place à chacun. Avec de l’écoute, de l’empathie, de l’exigence, de l’éthique, de l’ambition, en respectant les humains autour de nous.

En plus de votre expérience, vous avez étudié le coaching à UCSC (University of California Santa Cruz) et à l’INSEAD à Paris. Qu’avez-vous constaté comme similarités et différences dans l’approche académique de cette discipline ?

J’ai choisi NLPU (Neuro-Linguistic Programming University) qui est hébergée par UCSC, sur la recommandation de mon coach au Japon. C’est une expérience exceptionnelle, car l’université est dirigée par des personnalités qui sont de la première et deuxième génération de la PNL (programmation neuro-linguistique). C’était donc un choix de plonger directement au cœur de la méthode en étudiant auprès de professeurs d’exception qui ont nourri cette approche de leurs expériences, recherches et publications. Cette école est exceptionnelle aussi par son public car chaque été, une centaine de coaches venus du monde entier s’y retrouvent pour étudier et expérimenter en immersion totale. C’est plus de 35 nationalités qui s’enrichissent mutuellement de leurs expériences et de leurs cultures.

J’ai retrouvé cette approche multiculturelle à l’INSEAD, qui est toutefois beaucoup plus académique dans son approche. Il y a tout autant d’expériences de coaching et de développement personnel qu’en Californie. L’INSEAD demande en plus un investissement académique fort, avec l’écriture de papiers, d’une thèse, la lecture et l’intégration de nombreuses approches, à la fois dérivées de la psychanalyse (approches Freud et Jung) et des méthodologies américaines d’accompagnement du changement. 

Le coaching est un terme générique, qui recouvre beaucoup de tendances et de disciplines. Du coach sportif au coach de vie, en passant par le coach en entreprise, qui est mon créneau.

Ce qui nous rassemble, c’est un accompagnement de la personne, ou du groupe, très humain, dans l’écoute, la prise de recul et parfois la confrontation. Nous adoptons une posture dite basse : nous sommes les garants de la méthodologie, mais nous ne rentrons pas dans le contenu. Chacun est expert de son propre contexte, de sa propre vie, de son entreprise. Nous ne sommes pas là pour donner des conseils ou faire des choix, mais pour accompagner notre client dans sa démarche. Nous aidons le client ou l’équipe à prendre conscience des nombreuses perspectives autour d’une situation, à trouver plus d’options possibles et à faire leurs propres choix. Nous l’aidons à imaginer et parfois mettre en place de nouveaux comportements, de nouveaux réflexes dans lesquels il se sentira plus confortable, plus pertinent.

Je crois que ce qui compte, c’est de se former, d’étudier plusieurs disciplines du coaching en profondeur. C’est aussi de s’entraîner, de travailler beaucoup, avec humilité, pour acquérir cette posture particulière. Et c’est enfin d’être supervisé. C’est-à-dire de discuter de sa pratique d’une façon ouverte et critique avec un professionnel senior qui nous aide à continuer à progresser.

La communication digitale fait partie intégrante de votre activité. Avez-vous des astuces pour compenser le contact « physique » qui est, dans votre pratique personnalisée, important ?

2020 a été un tournant dans mon activité comme pour beaucoup. Je suis passée en 100 % digital et j’ai appris à détecter les émotions autrement. Quand on est en face à face, beaucoup de signes non-verbaux nous sont accessibles. Quand on est à distance, c’est beaucoup moins évident. Il me semble que l’on peut développer une plus grande attention aux signaux faibles, en lisant les expressions des visages, en écoutant l’intonation de la voix. Et la puissance des questions est toujours là ! J’aime bien demander à mes clients « Comment allez-vous ? », « Comment vous-sentez-vous ? ». Ces questions permettent de comprendre beaucoup. Parfois l’absence de réponse est une réponse… Ce que j’ai appris aussi, c’est à utiliser toutes sortes d’outils pour varier les animations, pour partager de l’information, travailler en collectif, …

ET enfin, surtout, j’ai appris à m’entourer. De personnes plus expertes que moi, de jeunes aussi, qui ont un talent naturel pour la communication digitale et la tech. Vive les geeks !

Cette année est un tournant pour The Inspiration Lab. Nous sommes maintenant 5 salariés, avec un écosystème de 5 coaches qui s’enrichissent mutuellement. C’est une période très excitante, j’ai l’impression de devenir une « vraie » entrepreneure… Et cela nous permet de travailler sur des projets beaucoup plus ambitieux, comme l’accompagnement de communautés d’expatriés ou de managers pour de grandes entreprises globales. C’est passionnant !

Comment définiriez-vous votre rôle chez FAJ France ? Quelle est votre vision ?

FAJ France est une entité très sympathique, parce qu’elle est organique. Nous n’avons pas vraiment de structure, juste des volontés, des envies et des valeurs partagées… cela se passe de façon assez simple. Lorsque l’une de nous a envie de partager quelque chose ou d’organiser un événement, elle le fait. À chaque rencontre, c’est une explosion de sympathie, de bonheur de se retrouver, de souvenirs partagés. Et aussi, toujours beaucoup de professionnalisme. Je crois que nous gardons très fort l’envie de rester liées à notre expérience du pays et de Femmes Actives Japon. Cette association nous a donné une certaine ambition, de la force, d’être nous-mêmes, de nous affirmer. C’est ce qui nous réunit aujourd’hui.

J’en profite pour passer un appel à toutes celles qui rentrent en France, ou qui quittent le Japon. Rejoignez-nous, faites-vous connaître auprès de l’une d’entre nous, ou sur nos pages LinkedIn ou Facebook (intitulée, « Tu sais que tu viens de FAJ, quand… ») !

Merci à toute l’équipe FAJ d’hier et d’aujourd’hui. Cette association a d’une certaine façon changé ma vie en me permettant de construire des amitiés très solides et en me mettant sur la voie de mon nouveau métier.

Pour celles qui recherchent un accompagnement personnalisé de coach et pour qui mon parcours et mes convictions résonnent, mes 25 vidéos de coaching sur ma chaîne Youtube et mon profil LinkedIn vous en diront plus sur mes initiatives !
[02/03/2021]